Chronique d'un rendez-vous manqué avec l'Histoire...
1868… L’Ile de Pâques agonise, victime des razzias esclavagistes de 1862 et des épidémies qu’elles ont engendrées ... Et c’est un Français (!) qui va lui porter le coup de grâce…
Cet aventurier trentenaire, mégalomane et sans scrupules, se nomme Jean Baptiste DUTROU-BORNIER (né le 19 novembre 1834 à Montmorillon et mort assassiné le 6 août 1876)
A la tête d’une poignée de mercenaires surarmés, il débarque, à grand fracas sur l’île pour y faire régner, désormais, la terreur.
Il procède à la persécution des missionnaires, pousse les Pascuans à choisir entre le massacre et l’exil vers Tahiti et ne conserve, contre leur gré, que 175 indigènes terrorisés, réduits au plus honteux des esclavages.
Il procède à la persécution des missionnaires, pousse les Pascuans à choisir entre le massacre et l’exil vers Tahiti et ne conserve, contre leur gré, que 175 indigènes terrorisés, réduits au plus honteux des esclavages.
Ayant emprisonné le roi local jusqu’à ce qu’il en meure, il a l’outrecuidance d’épouser, par la contrainte, sa veuve, KORETO, croyant s’assurer ainsi un semblant de légitimité, pour, dans la foulée… s’autoproclamer « ROI de PÂQUES, au nom de la Troisième République » (!) sous le nom de « IOANE 1er ».
Au comble de son délire, il fait même séquestrer son épouse Koreto, devenue gênante, dans une caverne d’Ana Oua !...
Ce règne inique va durer huit ans, ponctué d’exactions de toutes sortes, comme le pillage systématique des bateaux qui parvenaient à accoster, ou, mieux, qu’il faisait, lui-même, naufrager sur les récifs de Rapa Nui…
Et, puis soudain, en 1876, voici qu’il décède « tragiquement », victime, plus vraisemblablement, d’une embuscade d’esclaves excédés que du banal « accident de cheval » officiellement annoncé…
Le fait est que, quelques semaines plus tard, le scientifique français Alphonse Pinart, de passage sur l’Ile de Pâques, procède à un consternant recensement de la population, réduite à 111 individus dont 26 femmes seulement…
C’est alors, qu’au comble du désespoir, la Reine KORETO sollicite avec insistance,
auprès de la France, un « protectorat » semblable à celui dont bénéficiait Tahiti depuis 1842.
(Vu les circonstances, si cette démarche avait été acceptée, ce n’eut été alors pour la France, qu’une simple formalité). Mais, drapée dans sa méprisante suffisance, « la France », par la voix de son Ministre de la Marine, réfute avec dédain l’ardente supplique de Koreto, arguant du fait que « l’Ile de Pâques ne présente aucun intérêt »…
On ne peut que rester confondu face à cette réponse éhontée des autorités françaises qui, en la matière, n’ont pas voulu voir plus loin que le bout de leur nez.
Quel manque flagrant de perspicacité politique et stratégique !...
Et quelle pitoyable absence de la plus élémentaire humanité !...
Ainsi donc, tant par mépris que par bêtise, la France a manqué, d’une façon bien peu glorieuse, son rendez-vous historique avec l’Ile de Pâques…
Déb’île !...
Le 9 septembre 1888, avec l’assentiment des 12 chefs de famille de Rapa Nui,
le Capitaine de Vaisseau Policarpo TORO-HURTADO réalise l’annexion de l’île en perdition, au profit du Chili…
Michel Coulareau
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