mardi 16 octobre 2012

L' Homme-Oiseau

Le culte de l'Homme-Oiseau ou Tangata Manu ...

Chaque chef de tribu désigne un homme — un athlète — chargé de partir à la quête de l'oeuf sacré pour lui.
Les sept athlètes descendent la falaise à pic ( 300 m ) en portant un radeau de joncs ( totora ), sur lequel ils se couchent pour nager jusqu'à l'îlot Motu Nui, à environ 2 km. Frêles esquifs pour affronter les violents courants et échapper aux requins...

L'autre avantage de ces légères embarcations de joncs, c'est que l'on peut glisser quelques vivres à l'intérieur. Car, bien sûr, nul ne sait à l'avance combien de jours vont se passer avant qu'une frégate ne vienne pondre sur le motu. Les athlètes, tout nus, peuvent y rester plusieurs semaines !

Les joncs qui poussent au fond du lac de cratère servent à confectionner les radeaux.

Une fois arrivés sur Motu Nui, les hommes attendent...

Du haut de la falaise, à Orongo, les guetteurs observent leurs faits et gestes.
Dès qu'une frégate pond, les athlètes entrent en lisse et le premier qui s'empare de l'oeuf sacré fait des signes au guetteur. Ainsi, au moment même où l'oeuf est ramassé, la délégation réunie à Orongo connaît le futur Tangata Manu. La course prend fin. Il s'agit désormais pour le vainqueur de ramener l'oeuf à son chef... et de le ramener intact.

Contrairement à ce qui est montré dans le film de Kevin Reynolds, les candidats cessent immédiatement d'être des adversaires et forment au contraire une haie de protection autour du vainqueur qui porte l'oeuf roulé dans un bandeau frontal. Briser ce don de Make-Make serait un sacrilège impensable.
D'ailleurs, de mémoire de Pascuan, jamais aucun œuf ne fut cassé au cours du culte de l'Homme-Oiseau.

De retour à Rapa Nui, l'oeuf est remis au nouveau Tangata Manu qui acquiert immédiatement un immense pouvoir sacré. En signe de reconnaissance, il se rase la tête, les sourcils et les cils et sa tête ressemble ainsi à un oeuf.

Six mois avant la cérémonie, 7 jeunes et jolies vierges sont désignées comme prétendantes au rôle d'épouse du futur Homme-Oiseau. Dès lors, ces jeunes filles doivent vivre totalement recluses pendant six mois, enfermées nues dans une grotte obscure afin que leur peau blanchisse le plus possible. (Sans doute la grotte O Keke qui se trouve au pied du volcan Poike, à l'est)

Aucun contact avec le monde extérieur n'est autorisé. Elles ne sortent de leur isolement que le jour de la cérémonie. Elles sont alors conduites au village cérémoniel d'Orongo afin que le nouvel Homme-Oiseau choisisse parmi elles son épouse. Le rituel veut que le mariage soit consommé immédiatement, devant l'assemblée réunie.
Dès que l'accouplement prend fin, la jeune épouse doit se rendre chez sa belle-famille où elle attendra le retour de son époux... un an plus tard.

En effet, l'Homme-Oiseau doit à son tour vivre en totale réclusion pendant toute l'année de son sacre, dans une grotte près de la plage d'Anakena, à l'opposé de l'île. Il n'aura désormais de contact qu'avec un Grand Prêtre pour le nourrir et lui faire sa toilette. On lui fait des offrandes mais personne n'a le droit de le regarder.

A la fin de son "mandat", l'Homme-Oiseau retrouve son épouse ( et sa progéniture ) et reprend une vie normale mais il sera honoré toute sa vie et conservera une grande partie de son prestige.

Enfin, le culte de l'Homme-Oiseau atteint son pic d'intensité lorsque la délégation du Tangata Manu se saisit des infortunés perdants qui deviennent alors les victimes d'un rite cannibale.
C'est sans doute ce cannibalisme rituel qui explique la totale absence de femmes pendant cette cérémonie.

Le culte de l'Homme-Oiseau prit fin vers 1870, lorsque les missionnaires — effarés ! — interdirent formellement cette cérémonie.

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